Si aucun réseau collectif n’est mis en place pour la collecte des eaux usées, l’assainissement doit obligatoirement être réalisé de manière individuelle. La mise en œuvre d’un système de traitement sur place est de ce fait nécessaire avant le rejet dans un milieu naturel. L’ANC ou assainissement non collectif s’impose. Mais de quoi s’agit-il ? Quelle sont les étapes à suivre et surtout, quelle est l’utilité de ce procédé ? Réponses.
Qu’est-ce que l’assainissement non collectif
Par définition, l’ANC est un ensemble d’installations individuelles qui se charge à la fois de la collecte et du prétraitement des eaux usées puis de leur traitement et de leur évacuation. L’assainissement est exigé de toute habitation dont la collecte des eaux usées n’est pas effectuée via un réseau public. Il s’agit des eaux en provenance des toilettes, des lave-linge, des lave-vaisselles, etc.
Le procédé est mis en œuvre pour la prévention de multiples risques, tant pour l’environnement que pour la santé. En effet, les eaux traitées peuvent contenir de nombreuses particules et micro-organisme de nature organique, contenant du phosphore, de l’azote et autres polluants.
Les différentes étapes d’un assainissement individuel
L’assainissement non collectif à Nice suit un schéma très strict dont la réalisation se fait en quatre étapes distinctes.
La collecte
Cette première étape vise à assembler les eaux vannes et les eaux grises produites dans le même bâtiment. Ces eaux sont acheminées ensemble vers les mêmes fosses. Il est à noter que les eaux pluviales ne sont pas assimilées aux eaux usées et ne sont donc pas collectées durant le processus.
Le prétraitement
Cette phase permet de déblayer les eaux usées. Cela signifie que les particules, les dépôts graisseux et matières solides contenues dans les eaux à traiter sont éliminées. Le déblayage se fait dans une fosse dite « toutes eaux » et parfois, dans un bac à graisse. L’objectif du prétraitement est de simplifier les étapes suivantes.
Le traitement
Le traitement des eaux se déroule essentiellement dans le sol dont les micro-organismes dépolluent les eaux. On distingue trois sortes de filières pour les traitements des eaux usées.
Les professionnels recommandent surtout les filières classiques (ou traditionnelles) dans la mesure où elles offrent le choix entre de nombreuses techniques. Lorsque les eaux usées sortent du filtre toutes eaux, ils passent par un lit d’épandage, un tertre d’infiltration ou un filtre à sable. Aucun système motorisé n’est requis pour le fonctionnement de ces dispositifs qui se servent soit d’un sol reconstitué soit du sol en place. La pompe de relevage est l’unique accessoire pouvant éventuellement être nécessaire. Les filières classiques sont définies par la norme AFNOR NF DTU 64.1 du mois d’août 2013.
Le ministère de la santé et de l’environnement autorise certains dispositifs dédiés à l’ANC selon l’arrêté du 7 septembre 2009. Il s’agit de solutions compactes, pour la plupart, adaptées à de faibles surfaces. On parle de filières « agréées » dont le nombre excède déjà la centaine. Le site officiel du ministère du développement durable spécifie la nature de chaque filière et donne des indications techniques sur leur mode d’utilisation. Les filières agréées sont subdivisées en 4 catégories : les micro-stations à cultures libres, les filtres compacts, les filtres plantés et les micro-stations à cultures fixées.
Les filières agréées écologiques sont également intéressantes si les contraintes du sol et de la construction permettent sa mise en œuvre. Le traitement des eaux usées se fait essentiellement par le biais de plantes et ce, dès la seconde phase. Le traitement classique ou le filtre planté prend donc la relève après le bac à graisse, les toilettes sèches et/ou une fosse dédiée aux eaux ménagères. Dans certains cas, prétraitement et traitement sont assurés par un même dispositif de filtre planté (en bambou ou en roseaux).
L’évacuation
Après le traitement, les eaux usées peuvent être évacuées vers le milieu naturel. Si la perméabilité du sous-sol va de 10 à 500mm/h, les eaux peuvent y être dispersées. En outre, il est possible de se servir des eaux préalablement traitées pour irriguer les végétaux, à condition que ces plantes ne soient pas des sources d’alimentation humaines. En parallèle, cette irrigation souterraine n’est possible que si aucune stagnation d’eau en surface n’est remarquée. Toujours dans le cadre de l’évacuation, il est envisageable d’utiliser un puits d’infiltration si la commune donne son accord après avoir réalisé une étude hydrogéologique.
Tout dispositif ANC est soumis au contrôle du service public d’assainissement non collectif (SPANC) rattaché à la commune concernée ou par un établissement public de coopération intercommunale (SPCI). Ces vérifications sont planifiées à l’avance. Toutefois, en cas de pollution caractérisée, le SPANC ou l’EPCI se réserve le droit d’imposer des travaux en vue d’une mise en conformité. Il faut également savoir qu’un diagnostic est obligatoire pour une construction ayant recours à l’ANC qui sera mise à la vente.
Pourquoi l’assainissement est-il important ?
L’OMS a expliqué très clairement que l’assainissement est indissociable à la prévention des maladies. Il garantit donc la sécurité de la santé publique, indépendamment des conditions de vie ou encore du statut social.
Dans le contexte actuel, la dépollution n’est plus une option mais une réelle nécessité. Les activités humaines occasionnent en effet de nombreux rejets qui polluent l’environnement, ce qui met la santé en péril. Si presque 100% des ménages français ont recours à un système d’assainissement collectif ou individuel, près de 90% des ménages dans les pays émergents rejettent leurs eaux usées sans aucun traitement préalable. Cela engendre à la fois une pollution domestique et une pollution industrielle.
Il faut prendre conscience qu’une absence d’assainissement préserve la qualité de vie de tout être vivant, non seulement celle de l’Homme. Si les déchets aboutissent dans les rivières au lieu de passer par les égouts, les poissons pourraient être affectés des virus et bactéries qui risquent alors de se transmettre au genre humain. De la même manière, les végétaux irrigués par des eaux polluées mettraient notre santé en péril. N’oublions pas les lieux de baignade naturelle où les maladies de peau peuvent aisément se contracter.
Le non-assainissement est à l’origine de plusieurs cas de maladies diarrhéiques, de paludisme, de fluorose dentaire, d’hépatite A ou encore d’helminthiases intestinales. Mais ce ne sont pas les uniques troubles de la santé qui peuvent découler d’une négligence en termes d’ANC.
Les techniques réglementaires d’assainissement doivent donc obligatoirement être mises en œuvre pour que les eaux soient parfaitement dépolluées avant leur rejet dans le milieu naturel. Attention, toutefois, à ne pas confondre assainissement des eaux usées et traitement des eaux pour les rendre potables.